Blé Loué Djédjé Ernest est né en 1947 à Tahiraguhé, dans la région de Daloa, capitale du Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, ‘’pays des artistes’’. C’est à l’âge de dix ans qu’Ernesto Djédjé a été initié au Tohoulou, dont une des variantes est le Ziglibity qu’il propulsera plus tard sur la scène nationale. Mais l’artiste a commencé sa carrière musicale par les variétés modernes dominées à l’époque par la rumba et la pop music. Jouant de la guitare, ses premières expériences datent des années 1964-65 à Daloa dans l’orchestre les ‘’Antilopes’’. Et c’est là qu’il sera recruté par Amédée Pierre, ‘’le doyen de la musique ivoirienne’’. Pendant plus de deux ans (1966-1968), Ernesto sera le chef d’orchestre de l’Ivoiro- Star, l’orchestre d’Amédée.
Mais le jeune guitariste nourrit de grandes ambitions pour sa carrière. Il quitte Amédée en 1968 pour la France où il rencontre François Lougah et Manu Dibango. De leur collaboration, naîtra son premier disque : Anowa, un 45 tour fortement influencé par la soul music de la même veine que ‘’Pécoussa’’ de François Lougah. Avec ce disque, les Ivoiriens découvrent un autre artiste ivoirien talentueux et plein de promesses. ‘’Anowa’’ sera suivi de ‘’Mamadou Coulibaly’’ également bien accueilli.
Revenu au pays en 1973, Ernesto est sollicité par Emmanuel Dioulo, PDG de l’ARSO (Aménagement de la Région du Sud-Ouest), pour s’occuper de l’animation culturelle de la ville de San-Pédro. Il lui achète un orchestre complet : le San-Pedro Orchestra. Ernesto Djédjé revient à ses premières amours : la ‘’musique de recherche’’ piochée dans la tradition. Guitariste, chanteur, compositeur, ancien chef d’orchestre et aussi chercheur, il se sent suffisamment armé pour expérimenter son projet musical : le Ziglibity, une variante du tohourou, qui est à la fois musique et danse.
L’expérience de l’ARSO ne dure que trois ans. Ernesto quitte son mécène à la suite d’un malentendu, et vient s’installer à Abidjan pour voler de ses propres ailes. Il sort deux titres qui vont le propulser définitivement comme le ‘’roi du Zibibity’’ : ‘’Ziboté’’ et ‘’Aguissè’’ fredonnés partout à travers le pays. Ernesto Djédjé est au sommet de son art ! Il est le ‘’Gnoantré National’’.
Une expérience exceptionnelle que la disparition brutale de l’artiste est venue briser en 1983, les ‘’nombreux héritiers’’ n’ayant pu donner une suite à cette merveilleuse trouvaille. Toujours est-il qu’Ernesto Djédjé est resté dans l’histoire comme un artiste doué et inspiré, un musicien génial et authentique, un danseur agile et spectaculaire, avec son fameux ‘’coup de tête’’, un défenseur convaincu et convaincant des valeurs culturelles nationales. A sa mort, ses amis musiciens lui ont rendu un vibrant hommage par l’organisation de grandioses funérailles jamais égalées pour un artiste ivoirien.